Snow and Silence

Visite de l’exposition des photographies de Philippe Beasse : voir les photos sur CETTE PAGE

par VAL

La petite maison en bois, peinte en gorge de pigeon, attire mon regard.
Perdue dans la vaste nature, abandonnée dans la neige, silencieuse sous son manteau blanc, donne un profond sentiment d’être abandonnée !

A première vue, ce foyer a pu être construit par des émigrants russes qui aiment traditionnellement vivre dans de petites maisons en bois coloré.

Mais non, je me suis trompée ! La grande voiture à côté de cette demeure affiche exactement la même couleur que la maison, qui me dit que c’est bien américain.

Le NY à moi

NY

Par VAL,

Le NY à moi

Mon premier contact avec New York a été l’arrivée du jeune Elvis Presley rejoignant la base militaire à Francfort sur le Main. C’était en 1962.
Tous les jeunes ont voulu apprendre l’anglais ! Tout de suite !
Après c’était Satchmo et Ella Fitzgerald qui nous avaient enthousiasmés avec leurs jazz, blues, et gospel.
Qui n’a pas admiré la divine Marilyn Monroe s’aérer les jambes sur une bouche de métro à New York ?

NY est la ville la plus visitée au monde, les plus fortunés contrastent avec la pauvreté absolue, mais il y a aussi des héros comme Martin Luther King qui ont laissé leur vie pour aider à libérer la population noire.

Je réfléchis, combien de milliers de réfugiés sont arrivés ici, pleins d’énergie et d’espoir d’une vie digne !
NY est une ville qui reste jeune, dynamique, bouleversante et accueillante.
Et moi, je veux arriver dans cette ville écrasante aux mille visages à la charité hors norme et la criminalité ardente ! J’ai bien envie de la connaître !

Aurai-je bien la chance d’y aller pour admirer le World Trade Center plus sophistiqué, plus haut que les Twintowers. Je voudrais bien me promener dans Hydepark et déambuler dans le MoMA pour reconnaître les tableaux bannis de « l’art dégénéré » de l’époque hitlérienne. Mais aussi me faire le plaisir de visiter avec ravissement l’Opéra !

La surprise serait énorme si j’avais la chance d’entendre Nathalie Dessay et Jonas Kaufmann sur scène !
Ne peut-on pas rêver ?

Rouge et noir

Atelier du mercredi 4 novembre 2015

Thème: Nous rendons visite à un peintre graveur, Yves Doaré, dans son atelier à Quimper, son site web est sur cette page.

Il nous accueille fort gentiment et nous explique son oeuvre, sa démarche philosophique, nous l’écoutons avec passion, tandis que ses tableaux nous déroutent parfois.

Nous choisissons chacun un tableau parmi ceux qui sont exposés dans son atelier et nous écrivons …

Je choisis celui-ci précisément parce que je le trouve difficile à comprendre, assez hermétique à mon esprit, j’essaie de poser des mots, de démêler mes impressions :

      doaréprolongement
      Yves Doaré, Prolongement

Le rouge et le noir
deux tons contradictoires, deux champs complémentaires,
braise vive et cendre finissante.
Les corps impuissants, imbriqués, empêtrés ;
mais l’homme doublement entêté
lance son corps dans l’antre rougeoyant de la terre.
Elan velléitaire ou rejet volontaire ?
L’homme projette son âme charbonneuse, son corps éteint dans la braise sanglante de la vie.
La face sombre, lourde comme une enclume, les bras enjambés, les jambes embrassées,
il cherche un équilibre, une liberté, une renaissance dans le mouvement giratoire
de sa nouvelle tête, où se rallume une flamme, rouge noire
espoir.

par Danièle

PS : Yves Doaré nous avait indiqué comme titre pour ce tableau « Gémellité siamoise », titre non attribué par lui mais par un ami. Sur son site est indiqué un autre titre, « Prolongement », que nous ne connaissions pas, mais qui explique peut-être mieux le sens de l’oeuvre.

Des mots qu’on aime un peu, beaucoup, pas du tout, ou autrement

Atelier du mercredi 21 octobre 2015

Thème : On divise la feuille en quatre parties, une partie s’intitule « un peu », l’autre « beaucoup », une autre « pas du tout », la dernière « autre chose ». On fait tourner les feuilles de manière à avoir sous les yeux des mots des autres participants. A partir de ces mots on se présente, on tente un autoportrait …

      des-mots-scintillants

      Si j’étais un dictionnaire, je serais amoureux.
      Un dictionnaire amoureux. Mais de quoi ?
      Amoureux des mots, un recueil de mots tendres, feutrés, chuchotés …
      Des mots compliqués aussi, sonores, artistiques, alambiqués …
      trébuchant sur la langue, ricochant sous le palais,
      des mots qui coincent entre les dents comme une viande fibreuse,
      des mots qui coulent dans la gorge comme un sirop calmant.
      Emberlificoter, le mot tricote dans la bouche et m’enchante,
      mousse, cuisine, laine, ces mots simples me correspondent.
      Le dictionnaire que je pourrais incarner aurait quatre entrées :
      les mots un peu, les mots toujours, les mots jamais, les mots peut-être.
      Des mots qui me ressemblent, ronds comme moi, tantôt joyeux, tantôt mélancoliques,
      cocotte, pirouette, barboteuse, enfance, souvenir.
      Des mots neutres, gris à mon âme, gris doux comme un âne, que je ne déteste pas,
      qui ne me dérangent pas, que je laisse au fond d’un tiroir,
      voyage, ravitailler, tromperie, spectacle, décodeur, jour …
      Des mots m’agressent, m’écorchent, m’attristent,
      planète, mensonge, écolo, anglicisme, procrastination.
      Des mots sont faits pour moi, ils sont moi
      lecture, pelote, confiture, moulinette, chaussette
      Et s’il fallait inventer des mots comme des couleurs pour mon autoportrait ?
      pilpatant, abomifreux, liberceuse, tricouette, luluberlue, dicotionnaire.

par Danièle

La brasserie brasse du monde à midi

Atelier du mercredi 14 octobre 2015

Thème : Dans le cadre de la semaine du goût, nous cherchons des mots de la gastronomie, écrits sur des feuilles tournantes, afin d’écrire avec les mots des autres.
Nous choisissons un repas dans la journée, et écrivons.

    brasserie

La brasserie se remplit dès onze heures devant la gare de l’Est. Des voyageurs, des hommes d’affaires, des amoureux, ou les trois ensemble, des valises, des attachés-cases, des tablettes, des doigts levés, des regards appuyés, des signes agacés. Le point commun entre tous les clients, le ferment de la brasserie, c’est l’urgence, le temps limité, le rendez-vous à ne pas manquer, l’horaire à respecter.
Il s’agit de bien manger sans perdre une minute, et il n’est pas question de sacrifier la qualité des plats à la rapidité du service. Dans une brasserie, on veut concilier le goût et l’efficacité, profiter d’un espace temps très cadré pour se régaler au mieux.
La dégustation ne demande pas des heures si elle est bien orchestrée. En cuisine le chef mène ses troupes à la baguette et accorde le la avec ses exécutants en livrée : ils s’appellent Albert, Véronique, Roger, Sylvain … chacun a ses tables et assure un service impeccable, sans gag, ni fausse note. La bière coule à flots, des pinacoladas ponctuent les plateaux d’exotisme, les bocks valsent au dessus des têtes, accompagnant le fumet des jarrets rôtis, gigots braisés, choucroute, saucisses grillées. Les plats traditionnels ne sont pas légers, mais on peut choisir un artichaut vinaigrette, ou de simples asperges. Quand on transite par la gare de l’Est, on aime déjà voyager dans l’assiette, ou prolonger le souvenir oriental, avec des plats typiques de la Mitteleuropa. Au dessert, et le temps le permet toujours, le serveur apportera prestement une Forêt Noire, une Linzertochte, un Apfelstrudel, et en saison, une belle coupe de framboises ou de mirabelles arrivées des coteaux d’Alsace satisfera les gourmets soucieux de leur ligne.
Albert, Véronique, Sylvain, Roger et les autres vont pouvoir souffler, le coup de feu est passé, le train est pris !

par Danièle

Des vaches en vadrouille

Atelier du mercredi 7 octobre 2015

Thème : un article du journal informe que des vaches se sont évadées, elles errent depuis des semaines et personne ne parvient à les attraper pour les ramener chez elles.
Réagissons …

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Dernières nouvelles du troupeau rebelle égaré à Guiscriff !
Le taureau a rendu les armes cornes, après avoir réuni ses femelles contestataires qui l’avaient suivi dans son mouvement de libération de la race bovine.
Il avait reconnu que la cavale devait prendre fin et avait ordonné, dans un dernier beuglement rageur, de monter docilement dans la bétaillère. Ces dames acceptèrent finalement de bon gré le retour à la vie monotone de leur étable, car elles avaient toutes des ennuis mammaires qui leur renvoyaient à l’esprit leur condition féminine de manière de plus en plus douloureuse. Elles avaient oublié l’impératif de la traite journalière, soumission injuste mais indispensable à leur santé et leur confort. Elles s’étaient crues émancipées, libres de leur corps et de leur destinée, elles ignoraient que la liberté totale entraînait l’effet contraire, l’entrave et l’engorgement. Elles se résignèrent à admettre qu’elles ne se détacheraient jamais de leur qualité laitière, à moins de subir une opération mutilante, mais elles savaient qu’il n’y a rien de pis qu’une vache sans pis !

par Danièle

Les gommes

Atelier du mercredi 23 septembre 2015

Thème : Nous lisons un passage du livre d’Alain Robbe-Grillet, Les Gommes. Nous écrivons, gommons, recommençons …

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    Le Bourgeois gentilhomme, inventé par Molière, fut longtemps un pensum, pour qui n’était pas littéraire.

    Je ne supportais pas ce bonhomme, qui faisait des manières, récitait des vers à la gomme, et prétendait savoir tout faire.

    Il gesticulait un maximum, avec sa mine gominée, il n’était rien d’autre en somme, qu’un affreux petit minet.

    Ce fat, ce sot, ce psychotique,
    ce presque rien, ce gnome,
    je l’imaginais dans un mobile-home
    sans château ni domestiques.

    Je ne sais comment l’on nomme, ce personnage tout gonflé, je l’aurais d’un trait effacé, cet égoïste bubble-gum !

par Danièle

Un cheval, un chien …

Atelier du mercredi 16 septembre 2015

Thème : A partir de cette photo, écrivons ….

    IMG

      Neige est mon nom,
      Hiver ma maison.
      Vieille jument sauvée de l’abattoir,
      un pré me fut donné, de la paille pour dortoir,
      du bon foin dans la mangeoire.
      Je coule de vieux jours candides
      dans le silence poudré, luisant, splendide
      d’une longue saison qui me ressemble,
      engourdie, retirée, fragile, je tremble
      avec elle aux confins d’une vie qui s’achève.
      Soudain le vacarme coloré creuse une trêve
      dans le carré immaculé de ma quiétude
      tourbillon rageur violant ma solitude.
      Dans mon humble décor rien ne bouge
      et pourtant, un chien aux bas rouges
      vient secouer sous mes yeux la morte saison.
      La vie déboule dans mon lent sommeil
      serait-ce un messager du brillant réveil ?
      Il me fait bondir, cabrioler, hennir
      Je me sens brutalement rajeunir
      L’animal fou serait-il le printemps ?
      perce-neige affolant, oui, c’est le printemps !

par Danièle

Au marché

Atelier du mercredi 9 septembre 2015

Thème : l’abécédaire du marché hebdomadaire.
Nous notons vingt-six mots en relation avec le marché, commençant par les vingt-six lettres de l’alphabet.
Il nous faut placer ces vingt-six mots dans notre récit de marché, en respectant si possible l’ordre alphabétique.

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    J.B.J. Trayer, Marché aux chiffons dans le Finistère, mba Quimper, notice

La faim tricote dans mon estomac comme un plat d’Anguilles, mon esprit Bascule entre raison gardée et péché de gourmandise. Le médecin m’a prescrit un régime sans sucre, sans gras, sans Couleurs ni bonheur, et chaque vendredi, le marché fait jaillir sur la place de la mairie un feu d’artifice gastronomique. Au lieu de nommer ma faiblesse par son nom, entorse à la prescription médicale, je préfère le doux mot de Distraction, ou interlude passager, hebdomadaire, jouissif, pour le régal que je m’accorde entre les étals des marchands.
D’Entrée de jeu, je décide de ne point culpabiler, de me laisser porter, pour un jour seulement, par le Fumet et par le Goût, deux sens exacerbés parmi les métiers de bouche. Après une semaine de restrictions alimentaires, je me sens tel un Hareng-saur, sec, sec, sec, pendu au bout d’un fil long, long, long comme un jour sans pain. Je vais prendre aussitôt des Informations enivrantes chez le marchand de vin, Joyeux luron qui me fait rêver en vantant ses crus sans que je prenne un Kilo.
Dans la Lumière multicolore des étals de fruits, légumes, poissons, jouets, au milieu d’une foule qui baguenaude et Minaude, les yeux se régalent, les Nougats s’écrasent avec le sourire. Orange est mon humeur, gaie, vitaminée, insouciante. Ma voiture est mal garée, peu importe si j’ai une Prune, ma Quête est ailleurs, instinctive, intantanée, je cueille le jour, sa beauté, sa saveur, ses parfums, et le marché m’offre une Ressource inépuisable de couleurs, de sons et d’effluves, Saucisses grillées, Tomates rouges en monts écarlates, Ukulélé tintinnabulant, Vendeurs s’écriant « trois euros l’un-huit zeuros les trois ! », la liaison grammaticale en prime, l’euro économisé servira à aller dans la cabine des WC automatique, et par dessus tout cela un petit verre de Xérès offert par le marchand de paellas qui ressemble à un beau et sémillant Yama kassi, Zut il est marié … mais bravo, je n’ai rien acheté, juste goûté, mon régime sera respecté !

par Danièle