Voyage en ballon au- dessus des sommets

Voyage en ballon au dessus des sommets.

Air vif de la montagne.

Pureté de la lumière.

Clarté des couleurs.

Plaques de neige scintillantes.

Merveilleux voyage en ballon.

Vue lointaine où à l’horizon se confondent rêves et neige.

Et en dessous, tout près,

Mais pas si proche quand même,

Comme serti dans le paysage du vert de l’herbe et du fauve des cailloux,

Un lac comme dans un écrin repose.

Pas n’importe quel lac !

Un vrai cadeau.

Un cœur à la couleur changeante du ciel.

Au bureau.

Devant mes yeux encore mi-clos je distingue un ordinateur, dont l’écran bleu vif m’agresse,

et je sais que ça va durer toute la journée …

Puis plus rien.

Je m’étais endormi, une heure est passée, je n’ai encore rien fait.

Pourvu que le patron ne passe pas dans les parages !

Il faut que je bouge, que je m’occupe,

je dois, vite, ressembler à quelqu’un qui travaille.

Une autre heure, je submerge de nouveau,

la tête cotonneuse et la bouche pâteuse.

Ma ramette de 500 feuilles s’est métamorphosée

en une tribu de cocottes en papier.

Mon patron m’en avait déposé une, en guise de modèle :

J’ai bien travaillé.

Loïc

Un vieux puits

 

Un vieux puits.

Françoise nous a demandé d’écrire, en nous inspirant de la découverte de ce puits au milieu d’une clairière, une histoire « plutôt gore » …

  • « Chut, les enfants ! Et taisez-vous, aussi, tout le monde . Nous approchons, dans ce lieu à l’allure pourtant plutôt idyllique, du « puits maudit » ; nous risquons de les froisser et de les mettre en colère.
  • Qui donc ?
  • Mais … les morganes, voyons ! Toute la descendance de la fée Morgane, la maléfique. Celle qui vit dans l’eau de l’océan et peut aussi se présenter sur terre, amphibie et immortelle. Et surtout, très méchantes.
  • Je croyais que les fées étaient toujours bienveillantes ?
  • Oh ! que non, malheureux ! Des esprits torturés, machiavéliques, qui jouent la terreur sous l’aspect de très belles femmes attirantes, irrésistibles, piégeuses, comme les sirènes de l’Odyssée … Ne vous éloignez plus, car leurs serviteurs, les trolls et les korrigans, ne tarderaient pas à vous anéantir. C’est de qui est arrivé au fils du Comte de Leurbrat, un soir d’hiver. Revenant de la ville, il s’égara dans la forêt, marcha, longtemps, jusqu’à en être exténué.

Il aurait alors été envoûté par un chant magique … Les morganes l’auraient entouré, encerclé, se serrant contre lui, prisonnier. Elles l’auraient ainsi réchauffé, ébloui jusque l’aveuglement que provoque l’émotion du désir inassouvi …

– ‘On l’aurait, il aurait’ … Comment peut-on supposer tout cela, comment peut-on inventer cette légende ?

  • Ce n’est pas une légende, proféra soudain une voix grave, derrière lui. C’est mon œuvre, petit mortel ! Je suis Morgane, je surveille cet endroit ! A présent, viens donc, approche-toi, jeune homme, regarde, scrute un peu le fond du puits …

Et il s’avance, et sans hésiter monte sur la margelle … « Un corps, un squelette ! » s’écrie-t’il.

  • Non, avec toi cela en fera au moins deux ! »

Un rire épouvantable, infernal, s’élève au fond du bois. La lune éclaire d’un rayon blafard l’ouverture béante du puits, d’où s’échappent des bruits de bulles et des effluves pestilentiels.

L’Ankou* peut maintenant s’approcher. Il embrasse Morgane et tous deux, tels des amoureux intemporels, disparaissent hors de la clairière.

Embrassades fougueuses, rires démoniaques …

L’Ankou, voir ICI

Loïc

Balade avec un … balai

Balade avec un balai.

Je suis parti en balade avec mon balai. Qu’est-ce qui m’a pris ? Un balai tout simple, tout bête (mais je me tais, il pourrait se vexer).
J’ai l’impression, chemin faisant, qu’une foule, peu à peu, me rattrape, pour m’entourer, m’emprisonner. J’y disparais, aspiré …

Mais mon balai, lui, tel celui du dessin animé « L’apprenti sorcier », de Walt Disney, m’échappe des mains et entreprend de léviter, en dansant.
« Ah ! Tu ne peux pas faire ça, toi, hein ? » m’agresse-t’il, goguenard.
Puis il s’élève, monte, au-dessus de la foule qui fouille les fripes et dépouilles à vendre sur les étals du Taol Valenn. Mystérieusement, les vêtements, puis bientôt tous les bibelots à vendre, disparaissent dans un grand sac que le balai magique porte derrière le dos.
« Eh bien, les soldes, je n’y mettrai jamais plus les pieds ! mécriè-je.
« De quoi te plains-tu, répond le balai, tu as été prévenu, non ? Taol Valenn, ça signifie « coup de balai »…

Dans l’atelier des marionnettes

_ Mais avancez donc, vous autres ! Je veux m’approcher, moi, je veux voir aussi !
_ Tu sais, Gérard, je suis un peu scotchée, là : Le lieu est superbement magique; Cet atelier, dans son jus … On a vraiment l’impression de les entendre. Hé, pirate, et si tu te retournais ?
_ Pfuu … j’ai mes mousses à surveiller, moi, alors les touristes … Autre chose à faire ! N’est-ce pas, Serge ?
_ Ben oui, aux armes, etc ! Approchez, Mesdames et messieurs, approchez : Je fais les entrées. J’suis l’poinçonneur des Lilas.
_ Dis, Françoise, je sais que tu joues de la viole de gambe; j’ai une idée : Si tu pouvais (avec l’accord de Gilles, bien sûr) accompagner le violoniste médiéval, les jours prochains ? Non ?
_ Euh … Pas le temps. Il faut que je répète. j’ai plusieurs concerts en vue, et Gilles est d’une exigence sur la qualité des prestations …
_ Eh ho, les vedettes ! Finie, maintenant, la récré; fini de faire les malins parce qu’il y a des filles !

PHOTOS : NICOLE C.

www.margoden-theatre.net

 

Gilles, maître des lieux

 

Des photos, par Loïc R., de notre visite du Ty-Théâtre, ICI

André Marfaing, au musée des Beaux-Arts de Quimper.

André MARFAING (clic)

           André Marfaing, sans titre, 1977

Je sais que je ne franchirai jamais cet horizon hostile. Mais on me cherche, je me camoufle, je veux et je vais bientôt disparaître.

La voile, d’un blanc cru et violent, m’agresse, je ne comprends pas, c’est gratuitement provocateur. Ou bien alors ai-je commis une faute ? J’ai vu les interdits, j’ai lu les textes sacrés. Je me suis laissé porter par le bateau ivre qui se reflète dans l’eau paisible, accueillante, mais dangereuse et traîtresse.

L’épais livre, noir, est le dur de la pierre, le Mal, l’ennemi. La voile blanche est la pureté, la Joie. Le yin et le yang, j’ai un choix. Le phare bienveillant va, si je le veux, m’inviter et me laisser vivre et suivre mon cap, soutenu par l’interdépendance du yin et du yang.

Mais parfois il faut être masochiste, pour ne pas sombrer dans la facilité : Les éclats de lumière seront mes guides, mes bâtons de pèlerin.

Que va-t’il devenir, ce moulin ? Comment le mettre en valeur ? …

Le représentant des Bâtiments de France se tourne brusquement vers l’architecte, et s’exclame :

– « Mais cette construction a une valeur inestimable, monsieur ! et vous osez suggérer d’en faire un restaurant ?

– Oui, c’est cela. Ou alors, je ne vois qu’une solution : la destruction totale.

– Comme vous y allez … Remplacez-le par un parking, pendant que vous y êtes !

– Un parking … tiens, tiens … Euh, pour cela, il faudrait faire en sorte que l’on ait besoin de s’arrêter ici. Ou bien … une discothèque ?

– Il en existe déjà une, pas loin.

– Alors, quoi ? …

– Pourquoi donc, monsieur l’architecte, ne pensez-vous qu’à quelque chose de commercial, qu’à un immeuble de rapport ?

– Mais parce que notre époque le veut, les temps actuels sont ainsi faits ! J’imaginerais bien, pour ma part, une refonte intégrale : On couvre le toit de tuiles, pour faire Sud de la France, ce serait joli; on peint les murs extérieurs d’un enduit jaune du plus bel effet, et on fait venir les touristes !

– Arrêtez, c’est de la folie douce !

– Bon. Enfin, bon … Alors, on le démantèle, pierre par pierre, qu’on numérote, et on le reconstruit à l’identique, au bord de la mer, pour garnir une station balnéaire d’un bel élément décoratif. Autour, évidemment, un grand parc d’attractions, où la petite souris aux grandes oreilles noires trouvera son bonheur.

– Et moi, des Bâtiments de France, je vois ici un aménagement culturel. Non monsieur, ce mot n’est pas une injure. Bibliothèque, cinéma, ouverts à toutes les cultures, ouverts à tous vents. Un lieu intellectuel, et non ce mot n’est pas non plus un gros mot.

– Et le monsieur, là, qui est venu donner l’avis de sa famille, propriétaire, qu’est ce qu’il en pense ? Il faudrait peut-être lui demander son avis ?

– Ma famille et moi, nous n’hésiterons pas une seconde : respect de sa structure, reconnaissance d’un patrimoine intouchable, et métamorphose intelligente … »

Loïc